Page:Nau - Force ennemie.djvu/248

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trop déclive ; mais je n’ai pas le temps de m’inquiéter de sa pente : Je lâche ma branche, tombe sur une vraie glissoire, ne puis m’accrocher à rien, file comme un plomb, roule dans le vide, et me retrouve, pas trop assommé, sur un tas de paille. Je me relève, prends mes jambes à mon cou et galope, galope à travers champs…

Cette course folle me mène, sans que je sache comment, à Vercheville où j’arrive au petit jour bleu.

Encore malade d’émotion, je me cache dans un four à chaux à moitié démoli — tout près de la gare. Je me nettoie le mieux possible, me brossant avec des poignées de foin bien sec qui, providentiellement, capitonne en quelque sorte le four désaffecté. Mes habits sont à peine déchirés. Comment ai-je fait pour ne pas perdre mon chapeau ? Je m’inspecte encore. Mon complet n’est pas trop effrayant à voir ; la saleté y est assez régulièrement étalée, sans gros placards. J’aurai l’air d’un campagnard malpropre mais normal.

À sept heures je quitte mon abri et pénètre, à tout hasard, dans la station. J’ai tous les bonheurs. Le bureau est ouvert et un convoi pour Paris va passer à sept heures et demie. — Je demande une trouésiainme avec un scrupuleux accent du cru. En première ou en seconde classe on me remarquerait.

Et par un beau matin d’un bleu floral je m’installe, — aux râlements, aux trépidations d’une