Page:Nau - Force ennemie.djvu/29

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des corbeilles de fleurs d’une jolie diaprure.

Autour de la pelouse et sous les préaux circulent par groupes de trois ou quatre, comme des collégiens en récréation, des gens d’apparence, en général, paisible, de mise propre, qui semblent converser avec douceur ou réfléchir profondément entre deux phrases prononcées ou écoutées. Ces promeneurs ne font aucune attention à nous. Ils paraissent « supérieurs » aux soucis ordinaires de la vie, préoccupés uniquement de suivre le cours de certaines pensées qu’ils peuvent se communiquer entre eux, — au besoin, — pas toujours, — mais qui seraient incomprises ou tout au moins faussées par le médiocre intellect d’auditeurs appartenant à un milieu plus vulgaire. Ils ont, par instants, des sérénités de fakirs hindous.

— Ah ! ceuze-là ! me confie Léonard, c’est la crême de la crême ! C’est bien rare si on a du chambard avec eusse. Ou alors c’est qu’on a été les sercher, les porvoquer ! Je dis pas qu’y y a pas des fois !… Mais pour ce qui est « du général » y en a pas de plus distingués. C’est au point que Monsieur qui est bien moins abruti qu’eusse, bien plus gentil, bien plus vivant, y serait pas une bonne société pour ces personnes-là ; y leur donnerait, des jours, de son egzitation. » (Encore !) Le seul malheur avec des gens « si bien » c’est que, pour certains, tout d’un coup ça sange et c’est alors des intervalles de maladie noire. Oh ! quand ces accès-là les prennent, y a plus, y a plus ! ’Y sont sale-