Page:Nau - Force ennemie.djvu/295

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Kmôhoûn tient absolument à les faire souffrir pour les punir de nous avoir fuis.

Je suis épouvanté quand une voix horrible, celle du naguère si redouté Bid’homme, sort de ma gorge et articule ces mots :

— Ah ! schnapouillots ! margouillards ! bougraîllons ! mangez-bien et… digérez mieux, car, à trois heures précises, nous allons vous coller dans le bassin, — à la grenouillarde ! — et sous une jolie trombe, encore !

Quelques déjeuneurs semblent scandalisés, — mais vite, retombent à la contemplation de leurs assiettes.

Nigeot et Magne ont des yeux comme des billes ; on croirait que ces globes oculaires vont jaillir de leurs orbites : Les pauvres camarades ressemblent déjà à des homards un peu moins myopes que la moyenne. C’est un spectacle dépourvu de toute beauté.

Magne, qui a plus de dignité naturelle que son compagnon, réagit bientôt contre sa peur, se compose une physionomie accueillante et, prenant son parti de la situation, me tend la main sans trop d’effort :

— Ah ! Veuly ! quel plaisir de vous revoir !… Asseyez-vous donc près de nous, mais, pour Dieu ! ne faites plus d’imitations de l’infâme Bid’homme ! Cela donne le frisson !

Nigeot est plus froid. Je l’ai terrifié et il m’en veut. Ses mains rouges — « en viande crue »,