Page:Nau - Force ennemie.djvu/306

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L’ineffable Raoula, également, a une dégoûtante expression de figure. On devine sans peine qu’elle se sent une « fâhmme arraprochable et admarablement bianvaillante et qu’elle remarcie le Cial de n’avoâr que dàs sentaments bian portés, alagants, discrâts et noblement dalicieux »… Ma foi ! je vais à eux, la canne levée !

En me reconnaissant, ils ont, l’un et l’autre, un mouvement de recul bref — mais très marqué : s’ils n’étaient pas aussi « distingués », je crois qu’ils tourneraient les talons et fileraient comme des lapins de garenne. Mais leur instinct de ce qui est « bienséant » leur prête un courage factice et ils me sourient si joliment que c’est moi qui perds contenance. Je suis affreusement gêné par ma canne dressée comme la trique de Guignol.

Ne sachant plus qu’en faire, j’en donne de grands coups sur le trottoir pour ne pas désarmer complètement. Des paroles me sont montées aux lèvres. Elles veulent sortir. Kmôhoûn, aussi, me tourmente, me taraude pour que je lâche mes épithètes, mais c’est d’un ton presque goguenard, en tous cas des moins menaçants, que je prononce :

— Canailles ! gredins ! escrocs ! Ah ! je vous tiens, bandits ! pirates ! saligauds ! voleurs !…

… Ils comprennent qu’ils peuvent affecter de croire que je prends la chose « à la blague » :

— Voilà bien des transports ! fait ironiquement Elzéar. Pourquoi ne pas dire en termes convenables que tu nous en veux de n’être pas