Page:Nau - Force ennemie.djvu/31

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première division. Mais une bouffée d’héliotrope et de réséda chasse le malaise. Nous marchons sur le gravier très fin d’une allée cernée de deux rangées de frais arbustes ; d’étroites plates-bandes embaument. Vingt pas à faire, une marche à monter et nous entrons dans une pièce qui me paraît moins belle qu’à Léonard. Elle est assez propre mais, bien que très vaste, ne contient qu’une table et quelques chaises.

Cinq messieurs des plus « comme-il-faut », ainsi que mon gardien me le fait observer, se lèvent avec une affectation d’extraordinaire politesse. Je réponds à cinq saluts et serre cinq mains — tendues de façon assez noble.

Quatre de ces gentlemen se rasseoient aussitôt, en me priant, en chœur, de les imiter et reprennent des poses dignes bien qu’un peu accablées. Mais le cinquième reste debout et, passant son bras sous le mien, me contraint doucement d’accomplir le périple de la chambre, comme désireux de me faire les honneurs des murs nus, de la natte passablement éraillée et des sièges semés çà et là.

Quand il juge que je me suis bien familiarisé avec les craquelures du stuc des parois il me mène vers une chaise qu’il a soin d’épousseter avec son mouchoir et me supplie — en propres termes — d’y prendre place. Il en choisit alors une autre, s’installe auprès de moi et se met à causer en hôte désireux de rompre la glace, — de mettre le nouveau venu complètement à son aise :