Page:Nau - Force ennemie.djvu/335

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Je redescends allègrement vers la plage par un « raccourci », — … assez long ! — parcours les trois grandes rues du Mouillage, du Centre et du Fort, aux maisons de bois vieilles ou neuves, simplettes ou coquettes, mais toujours propres, les unes sans un ornement, les autres garnies de jolis balcons ouvragés, — entrevois la Savane de l’Évêché, profondément verte et intensément créole, presque « Paul et Virginienne », le Théâtre et ses cocotiers, la Batterie d’Esnotz aux ombres bleues, jusqu’où paraissent monter les reflets des feux bleus de la mer, — la Roxelane dite Rivière du Fort, son pont de pierre et tout son « décor de fond » feuillu et fleuri, le Marché du Fort, aux manguiers et sabliers géants, — l’Église Saint-Pierre et Saint-Paul perchée sur un terre-plein d’où montent, droites, les colonnes blanches et smaragdines et les flèches pennées des palmistes ; — je dépasse les dernières maisons de la ville. Maintenant blanchoie l’Habitation Périnelle, jadis célèbre et toujours jolie avec ses hauts, aériens et grêles palmiers. Je marche encore longtemps, puis me repose en mangeant la première chose venue dans un -k-[1] assez primitif et africain d’ornementation…

….. Voici que houlent les panaches d’une forêt

  1. -k- (k barré) — cabaret — plaisanterie graphique de là-bas ; le -k- sert d’enseigne à beaucoup de bouchons de la Colonie.