Page:Nau - Force ennemie.djvu/42

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assez bizarre. Je ressens une nouvelle émotion, peut-être plus déplaisante que la première : serait il moins « sûr » que je n’avais cru ?

Mais voici qu’il ne rit plus, que ses yeux ont un regard plus intelligent, plus doux, plus sérieux que jamais ; on y lirait presque de l’apitoiement.

Et il parle d’une voix toute changée :

— Maintenait que nous nous sommes amusés de cette caricature, voulez-vous me permettre de vous dire qu’elle a son côté triste… Ce petit médecin si tyrannique envers ses malades, si méprisant, si brutal, — eh bien ! j’ai peur qu’il ne change de rôle — et peut-être prochainement. Vous le connaissez peu encore, bien qu’il ait dû vous jouer déjà quelques tours de sa façon ; mais moi qui l’observe depuis deux ans et de plus en plus attentivement, (c’est singulier et un peu effrayant, n’est-ce pas, ce demi-fou qui surveille l’homme chargé de le soigner ?) j’ai noté chez lui des changements significatifs. Il a toujours été méchant et désagréable ; mais au début, quand il jouissait de toutes ses facultés, (oui ! je vous surprends mais vous me devinez ; je veux bien en venir à ce que vous soupçonnez déjà), quand, dis-je, il jouissait de toutes ses facultés, ses gredineries s’enchaînaient avec quelque méthode ; aujourd’hui, il devient tout à fait incohérent. Il le deviendra davantage… Étudiez-le et vous me direz si vous n’êtes pas de mon avis…

À ce moment Léonard se débarrasse avec quel-