Page:Nau - Force ennemie.djvu/55

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temps de me garer et la « vilaine personne » me fera une de ces scènes où elle excelle, — pour mon malheur !…

…..Il s’interrompt, m’examine de la tête aux pieds, esquisse une moue satisfaite bien qu’un peu dédaigneuse et gratifie mon chapeau de trois ou quatre petites tapes protectrices qui me ramènent à la belle — et mélancolique — époque, vieille d’un quart de siècle, où mon crâne de galopin de neuf ans, un crâne tout rond, tondu, poli, propre « comme une assiette à dessert » selon la médiocre expression de mon grand-papa, ennemi des mérovingiennes chevelures, incitait les vieux amis de la famille, voire le Surveillant-Général du Lycée, — la bienveillante, la sombre, l’hypocrite canaille ! — à me combler de tambourinantes marques d’amitié de ce genre.

Et M. Loiseleur reprend, s’adressant à moi, cette fois :

— Vous n’êtes pas d’âge, mon petit Monsieur, à savoir ce que c’est qu’une femme. J’entends une femme légitime, une épouse, comme disent les législateurs et les égoûtiers. Eh bien ! mon petit Monsieur, c’est une cuillerée de vert-de-gris dans le plus fade, des entremets sucrés. Que dis-je ? j’en fais quelque chose de bien trop tragique. À m’entendre, ce serait un efficace, un souverain et prompt remède contre l’Amour et contre la Vie, ces deux épouvantables calamités qui procèdent l’une de l’autre et l’ « autre de l’une ». N’exagérons rien.