Page:Nau - Force ennemie.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

clinqué une chaise et détraqué mon baromètre. Vous m’enverrez donc, avec le serrurier, l’ébéniste et l’ingénieur-opticien : j’ai dit. Je suis caporal, vous savez !… Et si vous ne marchez pas droit, je vous colle huit jours avec un « motif arabe ». Le colonel Froin doublera la peine, vous pouvez y compter !

Ce Charlemaine a l’air très doux et très enfant. Sa grosse figure encore imberbe est toute ronde. Ronds sont ses larges yeux limpides et naïfs, ronde est sa bouche de poupard surmontée d’un petit nez charnu. Il ressemble à un bébé bien portant. Même quand ses paroles menacent — bien innocemment — sa physionomie demeure aimable, candide, étonnée. Il serre la main de Léonard et reprend son interminable promenade dans l’établissement du… « colonel Froin ». Des vastes poches de son veston il tire une raquette et une balle élastique et chemine piano, tout en jouant comme un gamin. La petite sphère de caoutchouc frappe tantôt une muraille, tantôt l’autre et revient rebondir sur la batte brandie. Tout à coup il jette ses joujoux par la fenêtre :

— Oh ! y retrouvera bien sa paûme quand l’idée lui en viendra, m’affirme indulgemment Léonard. Il a de l’ordre à sa manière, y sait toujours où qu’il envoie son fourbi.

Charlemaine fouille de nouveau dans ses vêtements d’où il extrait des toupies, une bille de billard et un pinceau à barbe qu’il lance dans le jardin par une autre croisée ouverte et retourne à ses poches,