Page:Nau - Force ennemie.djvu/78

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ceptiblement chantante et me prend, me berce comme une voluptueuse musique.

— Léonard ! Célestine m’a enfermée par erreur et j’ai oublié mon petit miroir sur un banc du jardin, contre la serre. Voulez-vous aller me le chercher ? J’en ai besoin pour une « conjuration magique »… Non ! Inutile que Monsieur aille avec vous !… Vous n’allez pas le faire courir, n’est-ce pas ? Je ne me permettrais pas de l’envoyer s’essouffler à mon service. Ce n’est pas un vieil ami comme vous !

Léonard est flatté mais inquiet. Il me regarde du coin de l’œil ; j’affecte la plus parfaite indifférence. Il dit, alors, à moitié rassuré :

— J’veux bien moi, mais c’est dangeaireux. Enfin ’faut bien dire qu’il fait une sacrée chaleur et que, d’un autre côté, j’en ai pas pour dix minutes. Je ne veux pas tuer M. Veuly, et je vas galoper ! Bid’homme, c’est pas son heure de rôder par ici… mais… éloignez-vous un peu de la fenêtre, monsieur Veuly, des fois ya des infirmières qui sont méchantes.

Je fais quelques pas vers une plate-bande, bien décidé à me rapprocher de la belle « malade » aussitôt que mon mentor ne pourra plus me voir. Bon ! il a doublé le cap du « bâtiment ». Je n’aperçois plus que l’un de ses talons, vaste et bien ferré…

Je veux regarder encore ma princesse orientale. Quel malheur qu’elle soit atteinte… Eh bien ! et moi ? Je suis à peu près raisonnable aujourd’hui ;