Page:Nau - Force ennemie.djvu/92

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Il sort au petit galop, — positivement, — en brandissant sa cravache et en faisant craquer ses bottes. Je n’ai plus guère de doutes ; Bid’homme dit l’Aimable, comme Choppard, est à certains points de vue l’émule du prophète Jean Jouillon. Nous sommes en de jolies mains, nous autres, les pauvres « mabouls » de Vassetot ! Et je pense avec terreur à ma petite « princesse ! »

En tout cas le dangereux aliéniste ne s’était pas trompé quand il fit la démarche diplomatique dont on ne l’avait, sans doute, aucunement chargé. Dix minutes après sa retraite pseudo-équestre, Léonard débarricade ma porte, me regarde d’un air de complicité protectrice, allonge les lèvres comme pour souffler sur un bouillon trop chaud, étend les bras, les mains à plat, comme s’il allait essayer sur moi une série de calmantes passes magnétiques et siffle plutôt qu’il ne parle :

— Pfûûûûûit ! V’là l’grand patron !

Puis il s’efface en commençant une courbette qui n’atteindra, évidemment, sa phase de perfection que de l’autre côté de l’huis.

Et brusquement je me trouve en présence d’un grand et gros homme d’une soixantaine d’années, à figure ouverte et bonne, aux manières paternes mais franches. C’est le docteur Froin ; je le reconnais.

Il parle avec la même voix et le même accent que le gracieux Bid’homme, mais plus doucement, de façon plus sympathique ; Léonard était dans le vrai.