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III

Au Coin d’une Rue
(Martinique)

Pour Jean Royère

Le mur est couleur de farine de manioc
Avec un semis de paillettes
Qu’éteint et rallume la brise alerte ;
Son ombre est lilas sur le blanc pavé de « roche ».
Il emprisonne un tout petit paradis vert
Que l’on devine,
Car, guettant par-dessus la crête illuminée
De soleil doux,
Voici deux longues feuilles de bananier
En banderoles qui s’effrangent,
Des dentelles floues
De filaos aux tulles changeants,
Des bouquets rouges sur le ballant d’une branche
Une luisante et bruissante palme d’or vert.