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ver, mais avec tout autre que lui, si c’était en effet quelque chose de si satisfaisant. Mon officier ne manqua pas de s’apercevoir du bien que je commençais à lui vouloir ; s’il n’osait m’avouer qu’il me désirait aussi, c’est qu’il craignait que je ne le trahisse auprès de Mlle Éléonore. Qu’il était novice ! Il ne savait donc pas que jamais une femme ne se joue à elle-même un mauvais tour et ne manque d’en jouer un à sa rivale quand elle peut. En effet, un jour le feu prit aux étoupes. Le galant fit en ma faveur la plus grave infidélité possible à sa maîtresse. Nous nous en trouvâmes si bien l’un et l’autre que nous convînmes de nous occuper sérieusement des moyens de tromper ma rivale ; ce qui n’était pas absolument difficile, vu la tournure romanesque de son esprit et la prodigieuse dose qu’elle avait d’amour-propre. »




CHAPITRE V


Suites des confidences de Thérèse.


« Il y a des femmes que l’indifférence rebute et qui ont assez de sentiment pour rompre aussitôt qu’elles ont lieu de croire qu’on ne les aime plus. Mais malgré toute sa dignité postiche, Mlle Éléonore n’est pas de ces femmes-là. Il semblait que plus son officier la dédaignait, plus elle s’acharnait après lui. Il est vrai que le fripon avait poussé les choses un peu loin. La dot d’Éléonore n’étant pas un objet à dédaigner, il avait tâché de s’assurer la possession de sa conquête par le seul moyen que lui laissait le caractère de l’oncle antirobin. En un mot, il avait engrossé Mlle Éléonore. Mais une chose fort malhonnête de la part de cet étourdi, c’est qu’il me mit dans le même cas, moi qui