Page:Nerciat - Félicia.djvu/184

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que cette préférence lui faisait plus de plaisir que de peine. Le prélat, ayant désormais à redouter la concurrence de son neveu, n’espérait apparemment plus de continuer à m’intéresser. Il se trouvait flatté de l’emporter sur Sydney, qui paraissait très aimable. Quant à d’Aiglemont, bien sûr de ne pas manquer de femmes, il se souciait peut-être assez peu d’être bien ou mal traité de ma part, et je ne m’aperçus pas qu’il fît de grands efforts pour me témoigner le désir d’être encore ensemble, sur le même pied qu’en province. Cette indifférence ajoutait à mes griefs ; et tout cela ne laissait pas d’avancer beaucoup les affaires du charmant Monrose.




CHAPITRE VIII


Le bien vient quelquefois en dormant.


Il n’y avait pas de temps à perdre ; je savais que si je laissais à Sylvina celui de styler mon bel enfant, il était perdu pour moi : voici ce que l’amour m’inspira.

La nuit même du jour où nous avions vu monseigneur et son neveu, je me levai doucement et fus éveiller Monrose, qui dormait le plus paisiblement du monde. Cependant j’entrepris de lui persuader que je l’avais entendu ronfler d’une manière effrayante et que j’accourais, craignant qu’il n’étouffât. La brusque interruption de son sommeil lui causait, en effet, un peu d’agitation. Je prétendais que c’était une suite de l’état où il venait de se trouver en dormant ; j’avais passé mes bras autour de lui ; je le serrais contre mon sein, avec les démonstrations de la plus vive inquiétude. L’adolescent me comblait de remerciements ; ses lèvres s’allongeaient pour baiser machinalement deux globes entre lesquels je le faisais respirer. Ô nature, que tu es une admirable maîtresse !