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CHAPITRE XXVIII


Sacrifice. — Explication. — Plaisirs.


Je fus éveillée le plus agréablement du monde. Une voix qui me fit tressaillir de plaisir me disait sur la bouche : Vous dormez, belle Félicia ? Des mains angéliques pressaient avec amour deux demi-globes naissants… En un mot, c’était l’aimable chevalier qui, sortant de chez ma tante, venait savoir où il en était encore avec moi. J’eus beau m’armer d’indifférence, elle ne tint point contre le charme de ses caresses ; elles auraient triomphé du ressentiment le plus réel. J’étais bien éloignée d’en avoir contre cet aimable inconstant, qui ne l’était, en effet, devenu que par une fatale nécessité. — Que venez-vous chercher ici ? lui dis-je pourtant, ne voulant pas lui paraître assez résignée à son arrangement avec Sylvina, pour qu’il se crût dispensé de m’être fort attaché. « Venez-vous me raconter vos plaisirs et vous féliciter d’en avoir eu dans l’autre appartement de moins pénibles que ceux de la nuit dernière ? — Cher amour, me répondit-il, touché jusqu’aux larmes, peux-tu m’accabler aussi cruellement, quand j’ai besoin, au contraire, que tu daignes me consoler ? À quels plaisirs penses-tu que je puisse être sensible quand, devenu par toi le plus heureux des hommes, je vois troubler sitôt ma félicité ? Crois-tu que toute autre femme que Sylvina eût pu disposer d’un amant que tu venais d’agréer, qui ne vit que pour toi, qui met tout son honneur à conserver tes précieux sentiments ? Ô ma Félicia ! sois plus juste. Ne vois dans mon innocente infidélité qu’un sacrifice pénible, mais indispensable, dans la vue d’assurer ton repos et de me ménager, dans cette maison, un accès, qu’autrement je ne pouvais manquer de perdre. » Ensuite, il me conta qu’aussitôt que son oncle s’était retiré, Sylvina lui avait fait, sans façon, l’aveu de sa passion la plus vive ;