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LE DIABLE AU CORPS.

d’autant plus en finissant cette tirade, qu’elle a remarqué que la Marquise était fort embarrassée.)

LA MARQUISE, les yeux baissés.

Qui devait donc vous faire le funeste présent de ce monstre ?

LA COMTESSE.

Le cher Bricon ; cela est tout frais. J’ai consenti ce matin, avant d’aller au Palais-Royal, qu’il m’amenât Boujaron quand bon lui semblerait.

LA MARQUISE.

Croyez-moi, ma chere, tâchez de vous rétracter.

LA COMTESSE.

Non, par ma foi ! J’ai pour principe qu’il faut connaître des gens de toute espece. Il y en a d’abominables dont on peut encore tirer parti. Ce Boujaron, par exemple, on assure qu’il est décidément anuïste ?

LA MARQUISE, souriant.

Le mot est neuf : il serait bon de le conserver. — Et vous donnez donc là-dedans, vous ? Un anuïste (pour me servir de votre heureuse expression) peut vous être bon à quelque chose ?

LA COMTESSE, avec espiéglerie.

Regardez-moi bien en face, et dites fran-