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LE DIABLE AU CORPS.

HECTOR.

— C’est ce petit gueux qui vient de m’injurier, sans motif, en face de mon maître ; celui-ci a voulu le fouetter ; le petit enragé a eu l’infamie de lui donner un soufflet à le tuer ; vous en voyez les marques ? Et moi, qui avais la bonté de mettre le holà, il m’a d’abord assommée à coups de pelle ; ce n’est pas sa faute, s’il ne m’a pas ensuite fendu la tête avec une cruche d’eau.

LA MARQUISE.

Tu te laissais ainsi calomnier, petit imbécile ?

HECTOR.

Qu’avais-je à dire pour ma justification ! Tout cela, quoique indignement faux, n’était que trop vraisemblable. — Je roulais les yeux ; j’avais la bouche béante… Je levais les mains au ciel. — Voyez un peu (disait l’un) la pelle est encore à ses pieds. — (Un autre,) cache donc ta vilenie, petit scélérat ? — (Une voisine.) Êtes-vous fous, vous autres, de croire que ce petit bon homme aura battu ces deux animaux-là… — Tout le monde parlait à la fois. Brigitte, haïe, loin d’avoir intéressé, recueillait des notes qui n’étaient guere à son avantage. Elle bouillait de rage, et se préparait à prendre à partie, de gueule et à coups de poing, tous les assistans à la fois ; mais le trop heureux Le Dru, craignant une nouvelle scene, et le nez saignant dans son mouchoir, opinait pour la paix. — Là, là, ma chere Brigitte,