Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/34

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Le malheur ! il grandit à la faveur de l’ombre ;
Bientôt le sol gémit sous son colosse affreux,
Son œil rouge étincèle au sein de la nuit sombre,
Et sur son front cadavéreux,
Qu’un sanglant nuage environne,
Brille de longs éclairs, une horrible couronne.
Il vomit l’incendie ; aux traces de ses pas,
De sang noir un fleuve bouillonne,
Et ses bras sont chargés de neige et de frimats.

Il s’élance ! — On s’éveille, on voit,…. on doute encore !
D’un premier jour de deuil épouvantable aurore,
Quelle clarté soudaine a frappé tous les yeux ?
La flamme à longs replis s’élance vers les cieux,
Gronde, s’étend, s’agite, environne et dévore.
Oh ! de quelle stupeur Bonaparte est frappé,
Quand devant lui Moscou s’écroule, enveloppé
De l’incendie affreux, que chaque instant rallume !
Qu’un triste sentiment doit alors l’émouvoir !….
C’est son triomphe, hélas ! ses projets, son espoir,
Qu’emporte la fumée, et que le feu consume !