Page:Nerval - Le Rêve et la Vie, Lévy, 1868.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais le tambour des gardes françaises, où s’arrêtera-t-il, celui-là ?

Un joli tambour s’en allait à la guerre, etc.

La fille du roi est à sa fenêtre, le tambour la demande en mariage : « Joli tambour, dit le roi, tu n’es pas assez riche ! — Moi ? dit le tambour sans se déconcerter.

J’ai trois vaisseaux sur la mer gentille, — L’un chargé d’or, l’autre de perles fines, — Et le troisième pour promener ma mie !

— Touche là, tambour, lui dit le roi, tu n’auras pas ma fille ! — Tant pis ! dit le tambour, j’en trouverai de plus gentilles !… » Étonnez-vous, après ce tambour-là, de nos soldats devenus rois ! Voyons maintenant ce que va faire un capitaine :

À Tours en Touraine, — Cherchant ses amours ; — Il les a cherchées, — Il les a trouvées — En haut d’une tour.

Le père n’est pas un roi, c’est un simple chapelain qui répond à la demande en mariage :

Mon beau capitaine, — Ne te mets en peine, — Tu ne l’auras pas.

La réplique du capitaine est superbe :

Je l’aurai par terre, — Je l’aurai par mer — Ou par trahison.

Il fait si bien, en effet, qu’il enlève la jeune fille sur son cheval ; et l’on va voir comme elle est bien traitée une fois en sa possession :

À la première ville, — Son amant l’habille — Tout en satin blanc ! — À la seconde ville, — Son amant l’habille — Tout d’or et d’argent.

À la troisième ville, — Son amant rhabille — Tout en diamants ! — Elle était si belle, — Qu’elle passait pour reine — Dans le régiment !