Page:Nerval - Le Rêve et la Vie, Lévy, 1868.djvu/190

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stition s’est déjà ouvert une porte. — Le judaïsme parut à beaucoup de personnes de nature à combler ce vide douloureux. On sait avec quelle rapidité le culte mosaïque conquit alors des sectateurs non-seulement dans tout l’empire romain, mais au delà même de ses frontières.

Pourtant, le dogme de Jéhova n’admettait pas d’images et il fallait à l’adoration matérialiste de cette époque des formes palpables et parlantes. Alors, l’Égypte, la mère et la conservatrice de toutes les imaginations et aussi de toutes les extravagances religieuses, offrit une satisfaction aux besoins de l’âme et des sens. — Sérapis et Isis vinrent en aide, l’un aux corps souffrants, l’autre aux âmes languissantes. — Jupiter Sérapis, avec la corbeille de fruits sur sa tête majestueuse et rayonnante, déposséda bientôt, à Rome et dans la Grèce, le Jupiter Olympien et Capitolin armé de sa foudre. Le vieux Jupiter n’était bon qu’à tonner, et ses éclats atteignaient souvent ses temples et l’arbre qui lui était consacré. — Le dieu égyptien héritier des mystères et des traditions primitives de l’ancien culte d’Apis et d’Osiris, et de toute la magnificence de l’Olympe grec, ne tenait pas vainement dans sa main la clef du Nil et du royaume des ombres. Il pouvait guérir les mortels de tous les maux dont ils sont affligés. Dans une plus large mesure, ce nouveau sauveur alexandrin opérait ces cures merveilleuses qu’autrefois Esculape, le dompteur de la douleur avait faites à Épidaure. Presque tous les grands ports de mer d’Italie eurent des sérapéons, — ainsi nommait-on les temples et les hôpitaux du Dieu guérisseur, — avec des vestibules et des colonnades, ou un grand nombre de chambres et de salles de bains étaient préparées pour les malades. — Ces sérapéons étaient les lazarets et les maisons de santé de l’ancien monde. — Sans doute, il y avait là des remèdes naturels, et, avant tout, ceux des bains et du massage, combinés avec le magnétisme, le somnambulisme, et autres pratiques dont les prêtres possédaient et se transmettaient le secret ; mais cela était fondé Mir une profonde connaissance des hommes d’alors ; et de cet em-