Page:Nerval - Le Rêve et la Vie, Lévy, 1868.djvu/373

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tabac et une consommation de bière qui me rappelait l’Allemagne. — Laissons ce phénomène à ses habitudes et à ses attachements probables.

Je soupçonne le basson, jeune homme assez fluet, noir de chevelure, de ne pas lui être indifférent.


XXII

ITINÉRAIRE

Je n’ai pas encore expliqué au lecteur le motif véritable de mon voyage à Meaux… Il convient d’avouer que je n’ai rien à faire dans ce pays ; mais, comme le public français veut toujours savoir les raisons de tout, il est temps d’indiquer ce point.

Un de mes amis, — un limonadier de Creil, — ancien hercule retiré, et se livrant à la chasse dans ses moments perdus m’avait invité, ces jours derniers, à une chasse à la loutre sur les bords de l’Oise.

Il était très simple de me rendre à Creil par le Nord ; mais le chemin du Nord est un chemin tortu, bossu, qui fait un coude considérable avant de parvenir à Creil, où se trouve le confluent du railway de Lille et de celui de Saint-Quentin. De sorte que je m’étais dit :

— En prenant par Meaux, je rencontrerai l’omnibus de Dammartin ; je traverserai à pied les bois d’Ermenonville, et, suivant les bords de la Nonette, je parviendrai, après trois heures de marche, à Senlis, où je rencontrerai l’omnibus de Creil. De là, j’aurai le plaisir de revenir à Paris par le plus long c’est-à-dire par le chemin de fer du Nord.

En conséquence, ayant manqué la voiture de Dammartin, il s’agissait de trouver une autre correspondance. — Le système des chemins de fer a dérangé toutes les voitures des pays intermédiaires. Le pâté immense des contrées situées au nord de Paris se trouve privé de communications directes ; il faut faire