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LES FILLES DU FEU



À ALEXANDRE DUMAS

Je vous dédie ce livre, mon cher maître, comme j’ai dédié Lorely à Jules Janin. J’avais à le remercier au même titre que vous. Il y a quelques années, on m’avait cru mort et il avait écrit ma biographie. Il y a quelques jours, on m’a cru fou, et vous avez consacré quelques-unes de vos lignes les plus charmantes à l’épitaphe de mon esprit. Voilà bien de la gloire qui m’est échue en avancement d’hoirie. Comment oser, de mon vivant, porter au front ces brillantes couronnes ? Je dois afficher un air modeste et prier le public de rabattre beaucoup de tant d’éloges accordés à mes cendres, ou au vague contenu de cette bouteille que je suis allé chercher dans la lune à l’imitation d’Astolfe, et que je fais rentrer, j’espère, au siège habituel de la pensées.

Or, maintenant que je ne suis plus que l’hippogriffe et qu’aux yeux des mortels j’ai recouvré ce qu’on appelle vulgairement la raison, — raisonnons.

Voici un fragment de ce que vous écriviez sur moi le 10 décembre dernier.

« C’est un esprit charmant et distingué, comme vous avez pu en juger, — chez lequel, de temps en temps, un certain phénomène se produit, qui, par bonheur, nous l’espérons,