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que Dupont (de Nemours), président du conseil des Anciens, en entretenait parfois l’assemblée, ou en faisait l’objet des séances de l’Institut.

Le livre de Senancourt, qui depuis se réfugia dans le scepticisme de Lucrèce, contenait un système tout pareil, qu’il fit disparaître avec soin des éditions suivantes.

Nous n’avons plus à citer que Devisme parmi ceux qui méritent quelque attention. Ses idées se rapprochent beaucoup plus du christianisme et reproduisent presque entièrement la doctrine de Swedenborg, qui a conservé en France des adeptes fidèles ; ces derniers forment une petite Église à la tête de laquelle on a vu quelque temps Casimir Broussais.

L’école particulière de Quintus Aucler survivait encore en l’an 1821, si l’on s’en rapporte à un ouvrage intitulé Doctrine céleste, d’un nommé Lenain qui paraît avoir obscurément continué le culte des dieux dans la ville d’Amiens.

Quant à l’hiérophante lui-même, il n’a publié que ce seul livre intitulé : la Thréicie, titre qu’il avait emprunté au surnom donné par Virgile à Orphée : Threicius vates. C’est, en effet, la doctrine des mystères de Thrace que Quintus Aucler propose aux initiés. Ce théosophe était né à Argenton (Indre) ; il est mort à Bourges, en 1814, repentant de ses erreurs, si l’on en croit les vers très-faibles d’une brochure intitulée l’Ascendant de la religion, ou récit des crimes et fureurs d’un grand coupable, qu’il publia en 1813.

Ainsi se termina la vie du dernier païen. Il abjura ces dieux qui, sans doute, ne lui avaient pas apporté au lit de mort les consolations attendues. — Le Nazaréen triompha encore de ses ennemis ressuscités après treize siècles. La Thréicie n’en est pas moins un appendice curieux au Misopogon de l’empereur Julien.