Page:Nerval - Petits Châteaux de Bohême, 1853.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Vous l’avez bien dit :

Théo, te souviens-tu de ces vertes saisons
Qui s’effeuillaient si vite en ces vieilles maisons,
Dont le front s’abritait sous une aile du Louvre ?

Ou bien, par les fenêtres opposées, qui donnaient sur l’impasse, on adressait de vagues provocations aux yeux espagnols de la femme du commissaire, qui apparaissaient assez souvent au-dessus de la lanterne municipale.

Quels temps heureux ! On donnait des bals, des soupers, des fêtes costumées, — on jouait de vieilles comédies, où mademoiselle Plessy, étant encore débutante, ne dédaigna pas d’accepter un rôle : — c’était celui de Béatrice dans Jodelet. — Et que notre pauvre Édouard était comique dans les rôles d’Arlequin[1] !

Nous étions jeunes, toujours gais, souvent riches… Mais je viens de faire vibrer la corde sombre : notre palais est rasé. J’en

  1. Notamment dans le Courrier de Naples, du théâtre des grands boulevards.