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VOYAGE EN ORIENT.

Généralement, le serpent est délogé par sa baguette de quelque fissure du mur ou tombe du plafond de la chambre.

Les faiseurs de tours ou jongleurs, appelés houvas, sont nombreux au Caire. On les voit sur les places entourés d’un cercle de spectateurs ; on les voit aussi dans les fêtes publiques, s’attirant des applaudissements par des lazzi souvent inconvenants. Ils exécutent une grande quantité de tours dont voici les plus ordinaires : généralement, le jongleur est assisté de deux compères ; il tire quatre ou cinq serpents de moyenne grandeur d’un sac de cuir, en place un à terre, et lui fait lever la tête et une partie du corps ; d’un second, il coiffe l’un de ses aides comme avec un turban, et lui en roule deux autres autour du cou ; il les retire, ouvre la bouche du garçon et semble lui passer dans la joue le pêne d’une espèce de cadenas, et le refermer ; ensuite, il feint de lui enfoncer une pointe de fer dans la gorge, mais en réalité il la fait rentrer dans une poignée en bois dans laquelle elle est emmanchée. Un autre tour de la même espèce est celui-ci : le jongleur étend l’un de ses garçons à terre, lui appuie le tranchant d’un couteau sur le nez et frappe sur la lame jusqu’à ce qu’elle semble enfoncée à la moitié de sa largeur. La plupart des tours qu’il exécute seul sont plus amusants : par exemple, il tire de sa bouche une grande quantité de soie qu’il roule autour de son bras ; d’autres fois, il remplit sa bouche de coton et rejette du feu ; d’autres fois encore, il fait sortir (toujours de sa bouche) un grand nombre de petites pièces d’étain, rondes comme des dollars, et les rejette par le nez sous la forme d’un tuyau de pipe en terre. Pour la plupart de ses tours, il souffle à diverses reprises dans une grande conque appelée zommarah, et dont le son ressemble à celui qu’on tire d’une corne.

Un autre de ces tours assez commun est de mettre un certain nombre de petites bandes de papier blanc dans un vase d’étain de la forme d’un moule à sorbet, et de les en retirer teints de différentes couleurs, de mettre de l’eau dans ce même vase en y ajoutant un morceau de linge et de l’offrir aux spectateurs,