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APPENDICE.

plus simples, sont presque semblables à ceux des hommes, à moins que la famille ne soit riche ou haut placée. Un convoi des plus pompeux que nous ayons vu, est celui d’une jeune fille de grande famille. Deux hommes, portant chacun un drapeau vert, ferlé, de grande dimension, ouvraient la marche ; les yiméniyeh suivaient au nombre de huit ; puis un groupe de fakirs psalmodiaient un chapitre du Coran. Venait ensuite un homme portant une branche d’alizier (nabk), emblème des jeunes personnes, entre deux autres hommes, ayant à la main un long bâton surmonté de plusieurs cerceaux ornés de bandelettes de papier de couleurs variées. Derrière ces trois personnes marchaient côte à côte deux soldats turcs ; un des soldats portait un petit plateau d’argent doré, sur lequel était un kumkum (flacon) d’eau de rose ; l’autre était muni d’un plateau semblable portant un mibkarah (réchaud) en argent doré, où brûlaient des parfums. Ces vases, qui embaumaient l’air, étaient destinés à embaumer le caveau sépulcral. De temps à autre, on aspergeait d’eau de rose les spectateurs. Les soldats étaient suivis par quatre hommes ; chacun de ceux-ci portait, sur un plateau, plusieurs petits cierges allumés, fixés dans des morceaux de pâte de henna ; le cercueil, recouvert de châles d’une grande richesse, avait son shahid orné de magnifiques toques, et, outre le safa, un kussah-ahuas (ornement d’or et de diamants pour ceindre le front). Sur le sommet du shahid se trouvait un riche kurs en diamants. Ces bijoux appartenaient à la défunte, ou bien, comme cela se fait quelquefois, ils avaient été empruntés pour la cérémonie. Les femmes, au nombre de huit, portaient le costume de soie noire des dames égyptiennes ; mais, au lieu de marcher à pied, comme c’est l’usage, elles étaient montées sur des ânes à haute selle.

Nous allons maintenant passer à la description des rites et cérémonies dans l’intérieur de la mosquée et du tombeau.

Si le défunt habitait un des quartiers situés au nord de la ville, on porte, de préférence, le corps à la mosquée de Hasaneyn, à moins qu’il ne soit pauvre, et ne soit pas voisin de