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APPENDICE.

desquels il y était aimé, pour les ténèbres du tombeau et pour ce qu’il éprouve. Il a proclamé qu’il n’y a de Divinité que toi seul ; que tu n’as point d’égal, et que Mahomet est ton serviteur et ton apôtre, tu as la toute science de ce qui te concerne. Ô Dieu ! il est parti pour demeurer avec toi, et tu es celui auprès duquel il est infiniment excellent de demeurer. Ta miséricorde lui est devenue nécessaire, et tu n’as pas besoin de son châtiment. Nous sommes venus vers toi en te suppliant de permettre que nous intercédions en sa faveur. Ô Dieu ! s’il a fait le bien, augmente la somme de ses bonnes actions, et, s’il a fait le mal, oublie ses mauvaises actions. Que ta miséricorde daigne l’accueillir ; épargne-lui les épreuves de la tombe et ses tourments ; fais que son sépulcre lui soit large, et tiens la terre loin de ses flancs[1] ; fasse ta miséricorde qu’il puisse être exempté de tes tourments jusqu’au temps où tu l’enverras en sûreté au paradis, ô toi ! le plus miséricordieux de ceux qui montrent de la miséricorde ! »

Ayant pour la quatrième fois crié : « Dieu est infiniment grand, » l’iman ajoute :

« Ô Dieu ! ne nous refuse pas notre récompense pour le service que nous lui avons rendu, et ne nous fais pas passer par ses épreuves après lui ; pardonne-nous, pardonne-lui, ainsi qu’à tous les musulmans, ô seigneur de toute créature ! » L’iman termine ainsi sa prière, et, saluant les anges à droite et à gauche, il dit : « Que la paix, ainsi que la miséricorde divine, soit avec vous ! » — ainsi que cela se pratique à la fin des prières ordinaires. S’adressant alors aux personnes présentes, il leur dit : « Donnez votre témoignage à son égard ; » et ils répondent : « Il fut vertueux. » Ensuite on enlève le cercueil, et, si la cérémonie a lieu dans la mosquée de quelque saint célèbre, on le place devant le maksourah, ou grillage qui entoure le cénotaphe du saint. Quelques fakirs et les assistants récitent

  1. Les musulmans croient que les corps des méchants sont douloureusement oppressés par la terre, qui se serre dans la tombe contre leurs flancs, quoiqu’elle soit toujours faite très-large.