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II

SOUVENIRS DE THURINGE


(1850)



À Alexandre Dumas.

I — L’OPÉRA DE FAUST À FRANCFORT


Je vais avec peine — et plaisir — vous rappeler des idées et des choses qui datent déjà de dix années. Nous étions à Francfort-sur-Mein, où nous avons écrit chacun un drame dans le goût allemand. — J’y reviens seul aujourd’hui.

J’ai passé par Cologne, dont la cathédrale est toujours imparfaite, quoique les bons Allemands fassent admirer la perfection des détails de ce qui est bâti.

J’ai revu ces bords du Rhin (du Rhin où sont nos vignes !) et ces vieux châteaux édentés, que nous avons admirés ensemble.

Puis, à Bieberich, le bateau à vapeur a déposé sur la berge une dizaine de pèlerins légitimistes qu’un omnibus conduisait à Wiesbaden.

J’ai pris une voiture de retour qui m’a fait arriver avant eux. Cette fantaisie aristocratique m’a valu les coups de chapeau d’une foule d’habitants du duché de Nassau, qui me prenaient pour un prince. Cependant, ce coup d’éclat ne représentait que soixante kreutzers.

On est prince à bon marché à Wiesbaden. Toute la ville est en fête, à cause des louis que répand l’émigration française ; —