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lorely.

— Pour le sauver ! pour le transformer !… s’écrie Faust ; car l’ignorance est la source du crime.

— Ce n’est pas, répond le diable, ce qui se dit dans l’histoire du pommier…

Il n’est pas dans tout cela question de Marguerite ; c’est que Marguerite est une création de Gœthe, et même le type d’une femme qu’il avait aimée. Cette figure éclaire délicieusement toute la première partie de Faust, tandis que celle d’Hélène, dans la seconde partie, est généralement moins sympathique et moins comprise, quoiqu’elle appartienne exactement à la tradition.

Il y a encore à Francfort un autre théâtre qu’on appelle Théâtre d’été ; on y jouait ce même jour une pièce en deux actes sur la jeunesse de Voltaire. L’affiche annonce que les spectateurs sont à couvert contre le soleil et la pluie, ce qui indique que c’est une sorte de théâtre forain.


ii — LA STATUE DE GŒTHE


Vous comprenez, mon ami, combien j’ai été heureux en me levant, le lendemain matin, de rencontrer sur cette même place du théâtre, au milieu des arbres, un monument qui n’existait pas lorsque nous nous trouvions ici ensemble : la statue colossale de Gœthe, par Schwanthaler.

La place aussi, qui était appelée auparavant place de la Comédie, s’appelle aujourd’hui Gœthe-Platz. Francfort n’a dans ses murs que deux statues, celle de Gœthe et celle de Charlemagne : la première en bronze, l’autre en pierre rouge du Rhin.

Gœthe a été représenté dans l’attitude de la méditation, appuyé du coude sur un tronc de chêne autour duquel s’enlace la vigne. La composition est fort belle, ainsi que celle des bas-reliefs qui entourent le piédestal. On voit sur la face du devant trois figures, qui représentent la Tragédie, la Philosophie et la Poésie ; sur les autres côtés, les principales scènes de ses dra-