Page:Nettement - Études critiques sur le feuilleton-roman, 2e série, 1847.djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
320
ÉTUDES CRITIQUES.

principe, la glorification de la puissance individuelle préférée à toutes les lois, l’esprit et la volonté de l’homme mis au-dessus des règles qui doivent les contenir.

Robespierre, c’est Antony armé du pouvoir politique, ramenant tout à ce qu’on est convenu d’appeler l’état de nature, mais ce qui est au fond l’état de la nature animale, et non de la nature humaine. Si cette assertion peut avoir au premier abord quelque chose d’un peu paradoxal, on demeure convaincu qu’elle est fondée en raison lorsqu’on étudie avec quelque attention les tendances qu’a suivies partout la Convention dans ses lois civiles. Le but auquel elle marche, c’est la dissolution de la famille sociale. Elle rapproche, par les droits qu’elle lui donne, l’enfant naturel de l’enfant légitime ; elle rend le mariage précaire et sans stabilité par les hcilités qu’elle accorde au divorce ; elle le combat encore par l’institution des filles-mères, c’est-à-dire par des primes données à la maternité en dehors du mariage. On sent partout l’empreinte des doctrines matéi’ialistes du baron d’Holbach et de Diderot ; le système de la nature vient s’appliquer dans les lois civiles de la Convention.

Je ne veux pas dire que M. Dumas ait eu la perception raisonnée de cet ordre d’idées, mais il en a eu du moins l’intuition confuse à l’époque oîi il écrivait l’apologie de la Convention et l’apothéose de Robespierre. Il faut ajouter que ce ne fut là qu’un état transitoire pour son esprit. Il était doué d’une imagination trop vive, et il avait trop d’instabilité dans l’intelligence pour