Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/118

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M. Fiévée, il avait fait pressentir le terme qu’elle aurait. « Vous avez le dessein, lui avait-il dit, de m’entraîner dans une autre monarchie que celle que je veux former. » Au fond, les appréhensions qu’éprouvaient Fouché et le parti philosophique, dès le premier pas que l’on faisait sur le terrain de la religion et de l’autorité, finissaient par gagner Napoléon lui-même quand on allait trop avant, car il y avait de la révolution dans son pouvoir et dans sa personne. Il était son dernier-né et son plus glorieux rejeton ; mais la filiation n’en était pas moins réelle, et, quelque absolue que parût sa puissance, il y avait entre le parti philosophique et révolutionnaire et lui des liens qui ne pouvaient être rompus. C’est là ce qui explique la résolution qu’il prit à la fin. M. Étienne, qui appartenait par ses tendances à l’école philosophique, et par son dévouement à l’empereur, fut, vers le milieu de l’année 1807, substitué à M. Fiévée dans la direction du Journal de l’Empire, qui conserva pour rédacteurs, dans sa partie littéraire, Geoffroy, Féletz, Dussault et Hoffmann. Après avoir tenté d’opposer l’une à l’autre les deux écoles dans des journaux différents, l’empereur leur donnait à la fois la parole dans le même journal, car M. Tissot suivit de près M. Étienne. Ce n’était pas une conciliation, ce n’était pas une fusion ; c’était un amalgame. Au lieu d’être un camp, le Journal de l’Empire devenait un champ de bataille. La contradiction qui existait dans la situation de l’empereur passait dans celle du journal, sorte de Babel bâtie sur les plans les