Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/125

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Bonald s’assoit un peu malgré l’empereur, et un peu aussi malgré lui-même, dans le conseil universitaire, à côté de M. Émery, le vénérable directeur du séminaire Saint-Sulpice qui, avec une intrépidité si calme et si sacerdotale, osa tenir tête à l’empereur, quand celui-ci se laissa emporter aux projets les plus fougueux contre le pape Pie VII ; de M. Ballon, ancien oratorien et ancien professeur de Fontanes ; de M. de Beausset, ancien évêque d’Alais ; de Joubert, l’ami de Fontanes et de Chateaubriand. M. Frayssinous, dont les doctes conférences attiraient quelque temps auparavant de si nombreux auditeurs à Saint-Sulpice, est nommé inspecteur de l’académie de Paris[1] ; M. de Sèze, frère du défenseur de Louis XVI, inspecteur de l’académie de Bordeaux. Mais ces choix ont leur contre-partie : Fourcroy a aussi le pied dans l’université, Arnault y entre, Laromiguière y continue la tradition de la philosophie de Condillac, et Fontanes a souvent des luttes à soutenir contre Regnault de Saint-Jean d’Angely. Le rôle que prit l’empereur dans les questions universitaires, vis-à-vis de Fontanes, est précisément celui qu’on lui a vu jouer envers Fiévée dans les questions de presse ; il a l’air de ne point oser tout ce qu’il voudrait. Ainsi un jour qu’il avait traité publiquement Fontanes avec quelque dureté, à l’occasion de choix trop monarchiques et trop chrétiens, il lui dit,

  1. M. de Fontanes disait lui-même qu’il n’avait pu faire cette nomination « qu’après six mois d’efforts employés à tourner l’empereur. »