Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/177

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prie les remèdes aux besoins et au tempérament du malade. Or, telle est la maladie actuelle des esprits, qu’on ne peut opérer leur guérison qu’en suivant une marche nouvelle. » Il ne commença donc point par dire : Croyez, » à des gens qui avaient oublié tous les motifs qui font croire ; mais venant modestement s’asseoir au milieu d’un cercle d’abord peu nombreux d’auditeurs, il se présenta comme un simple ami de la religion, venu pour s’entretenir avec eux de leurs plus chers intérêts. « Il leur annonce qu’il a de graves difficultés à résoudre, ne leur promet pas l’évidence, et ne leur dissimule pas que des hommes célèbres par leurs écrits ont professé des doctrines opposées. Il se borne à demander à ses auditeurs de l’écouter, ainsi que ses adversaires, et il consent à les prendre pour juges[1] ». La jeunesse appartenant aux écoles philosophiques les plus opposées accourut avec ses préventions, ses préjugés, peut-être avec des intentions hostiles. Les conférences devinrent un événement. Un auditoire chaque jour plus nombreux les suivait avec un intérêt passionné ; on recueillait des notes, on voulait discuter, examiner, juger : souvent les controverses entre les auditeurs se poursuivaient au sortir de la conférence ; elles étaient l’aliment des conversations privées dans les restaurants et les promenades. Quelquefois ces controverses devenaient publiques, et c’est ainsi qu’un neveu de Cabanis, qui soutenait avec une

  1. M. de Beausset, Notices historiques.