Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/216

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de la force dans laquelle il y a toujours quelque chose de révolutionnaire, mais on ne veut pas se soumettre à l’autorité qui oblige l’esprit au respect.

Dans cette phalange littéraire venue de l’empire, on ne rencontre pas de ces personnalités éclatantes qui sortent du rang ; le nombre et l’union font sa force. Mais, dès le début, on voit poindre deux esprits plus neufs et plus vigoureux, qui doivent se détacher sur le fond usé et fané de la littérature impériale. L’un vient des armées, dans lesquelles il a promené l’indiscipline d’un caractère ennemi de toute sujétion et d’un enthousiasme contrariant qui se passionnait pour l’hellénisme au milieu d’une armée passionnée pour la gloire : c’est Paul-Louis Courier, intelligence nourrie dans le commerce de l’antiquité grecque, et qui a contracté, dans ce commerce, quelque chose du dénigrement spirituel, de l’impatience de toute règle, de l’ennui de toute supériorité, traits particuliers du caractère athénien. L’autre, dont le nom est presque universellement inconnu, n’a encore qu’un titre, une chanson, le Roi d’Yvetot, dont les refrains, tout pétillants de la vieille malice gauloise, chantés derrière les victoires de l’empereur, ressemblaient un peu à ces couplets mordants que les soldats romains répétaient derrière le char du triomphateur le jour où il montait au Capitole. Mais c’est quelque chose qu’une chanson en France. On a dit de l’ancien régime que c’était le despotisme tempéré par une chanson ; assertion inexacte, car le pouvoir rencontrait chez nous bien d’autres tempéraments