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IV.

École du rationalisme spiritualiste et monarchique : ses prosateurs, ses poëtes.


On a vu se former, dans les derniers temps de l’empire, la troisième école qui, sous le nouveau gouvernement, va se dessiner d’une manière plus nette et plus tranchée. La restauration trouve M. Royer-Collard dans sa chaire de philosophie, M. Guizot dans sa chaire d’histoire, M. Villemain dans sa chaire de littérature, et elle trouve, autour d’eux, une élite de jeunes esprits, spiritualistes en philosophie, préparés par de fortes études en littérature au goût des beautés naturelles, et disposés par une certaine indépendance intellectuelle, la seule qui fut restée possible sous le régime impérial, à accepter, sans prévention, l’étude et le goût des littératures étrangères, auxquelles Madame de Staël va donner une vive impulsion par son livre De l’Allemagne, imprimé sous l’empire, mais supprimé par la police impériale, et publié seulement sous la restauration. En politique, cette école a une tendance naturelle à se rattacher aux idées de 1789, telles qu’elles se présentèrent au début du mouvement d’opinion qui détermina la convocation des états généraux. Elle n’a pas d’éloignement pour la royauté traditionnelle ; tout au contraire, l’homme qui peut être regardé comme son chef, M. Royer-Collard, a gardé un souvenir respectueux de ses rapports avec cette royauté, dont il a été, pendant