Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/247

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un ouvrage publié près de quinze ans plus tôt, et sévèrement critiqué par Fontanes[1], avait entrevu, avec l’inexpérience de la jeunesse et la confusion que jetaient dans ses jugements des études incomplètes et insuffisantes, qu’il y avait dans les littératures des peuples de l’Europe deux sources d’inspiration : le génie de la civilisation classique, c’est-à-dire, les Grecs, les Latins étudiés dans les monuments immortels de leurs langues, et le génie de cette civilisation plus moderne que le catholicisme avait apportée au monde en greffant ses immortelles vérités sur les mœurs, les tendances et les idées des peuples vainqueurs de l’empire romain ; elle était arrivée dans son livre De l’Allemagne à une expression plus nette et moins exagérée d’une théorie dans laquelle il y avait un fond de vérité caché sous un grand nombre d’erreurs. « Le nom de romantique, dit-elle[2], a été introduit nouvellement en Allemagne, pour désigner la poésie dont les chants des troubadours ont été l’origine, celle qui est née de la chevalerie et du christianisme. Si l’on n’admet pas que le paganisme et le christianisme, le Nord et le Midi, l’antiquité et le moyen âge, la chevalerie et les institutions grecques et romaines se sont partagé l’empire de la littérature, l’on ne parviendra jamais à juger, sous un point de vue philosophique, le goût antique

  1. De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (1800).
  2. De la Poésie classique et de la poésie romantique. (De l’Allemagne, par madame de Staël.)