Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pays devenu pour elle un modèle dont l’autorité devait être sans cesse invoquée. Il y avait dans cette tendance presque inévitable de graves inconvénients : l’idéal de la France était désormais en Angleterre. Les esprits les plus actifs de notre pays allaient se trouver presque fatalement poussés à chercher dans une imitation plus parfaite, dans une conformité plus absolue avec les idées politiques de l’Angleterre, une ressource contre les difficultés qu’ils rencontreraient. C’était donc dans les choses encore plus que dans la volonté des hommes que se trouvait déposé le germe d’une nouvelle révolution. Les idées ont leur végétation et leur épanouissement comme les plantes ; le chiffre de 1688 était écrit dans l’idée de l’importation d’une constitution à l’anglaise, et dès 1817 M. de Bonald l’y lisait[1].

Cette faveur assurée aux idées anglaises devait naturellement préparer les voies à l’influence de la littérature britannique. Or, il y avait précisément en ce moment, en Angleterre, trois écrivains d’un talent éminent, tous trois poëtes, bien qu’un d’entre eux doive la meilleure part de sa renommée, de ce côté-ci du détroit, plutôt à ses ouvrages en prose qu’à ses vers : c’étaient Walter Scott, Thomas Moore et, enfin, lord Byron. Walter Scott, par les traductions qui popularisèrent ses ouvrages en France est presque devenu un de nos auteurs nationaux ; mais il ne devait guère marquer son influence sur notre littérature qu’en don-

  1. Voir sa correspondance avec M. de Maistre.