Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/271

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presque au début de la restauration, la situation nouvelle se manifester par l’apparition d’un grand nombre de poëtes, parmi lesquels il en est quatre dans les ouvrages desquels on peut suivre les courants intellectuels qui emportaient les esprits : MM. de Lamartine, Casimir Delavigne, Victor Hugo, de Béranger, se lèvent presque en même temps.

Il sera à la fois curieux et instructif d’étudier dans leurs ouvrages le mouvement des idées. La poésie a quelque chose de spontané et d’expressif qui laisse voir clairement les tendances d’une époque. Elle s’adresse surtout aux sentiments, et, pour s’en faire écouter, elle parle leur langage : aussi est-ce dans les poëtes qui ont obtenu un succès général, plus que dans tous les autres écrivains, que l’on trouve les impressions et les émotions du temps. Chez les quatre poëtes hors ligne qui parurent dans les premières années de la restauration, on pourra étudier le mouvement des écoles philosophiques et littéraires sorties des trois courants d’idées différents que nous avons signalés au moment où ils jaillissaient de leurs sources. Il faut remarquer que trois de ces poëtes commençaient avec l’époque. Le plus âgé, M. de Lamartine, n’avait, on l’a vu, en 1815, que vingt-cinq ans ; le plus jeune, M. Victor Hugo, n’était qu’un enfant. Ils n’avaient donc point de lien avec la littérature du passé ; hommes nouveaux, dans une situation nouvelle, ils prenaient leurs inspirations devant eux et non derrière eux. M. de Béranger lui-même, quoique leur aîné,