Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/294

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rité de dessin et un éclat de couleur qui ne laisse rien à désirer[1]. « Souvent M. de Lamartine lui-même, dit-il, durant ses passages à Paris, lors de ses retours de la légation de Florence, était attiré à quelque inauguration de sa gloire ; et rien n’égalait le tressaillement d’admiration, la flatterie sincère dont il était environné, lorsque le soir, dans un salon de cent personnes, au milieu des plus gracieux visages et des plus éclatantes parures, dans l’intervalle des félicitations ou des allusions jetées à quelques députés présents, sur leurs discours de la veille ou du matin, lui, beau, jeune et reconnaissable entre tous, debout, la tête inclinée avec grâce, d’une voix mélodieuse, que nul débat n’avait encore fatiguée, il récitait ces chants, les premiers-nés de son génie, qu’on n’avait nulle part entendus et que la langue française n’oubliera jamais. Il faut renoncer à peindre le ravissement que tant de beaux vers, si bien dits, excitaient dans une partie de l’auditoire, la plus vive et la moins distraite alors. Le général Foy, que sa chaleur d’âme intéressait à tout, qui vivait dans la palpitation de cœur continue de la tribune, du travail et des entretiens animés, serrait les mains du jeune poëte, le louait d’enthousiasme sur ses sentiments, ses expressions, son éloquence, et l’assurait qu’il serait un jour l’honneur de la tribune, s’il venait y défendre les vrais principes de la monar-

  1. M. de Féletz et les salons de son temps, étude publiée par M. Villemain dans la Revue contemporaine.