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fois philosophique, dramatique et élégiaque : la Mort de Socrate. Il est facile de reconnaître dans ce poème une inspiration éclose à la chaleur des leçons éloquentes faites dans ce temps par un jeune professeur qui renouait sa tradition philosophique à l’école spiritualiste de Platon. C’est un des caractères de cette époque que la communauté des efforts intellectuels, et, si l’on peut se servir de ce terme, la parenté littéraire de tous les esprits élevés qui conduisent le chœur des intelligences. Le général Foy applaudit avec enthousiasme aux vers de M. de Lamartine. Cuvier, ce savant illustre, trouvera pour louer le poëte, à son entrée à l’Académie, une âme et une imagination de jeune homme ; M. de Lamartine à son tour s’inspire des leçons de M. Victor Cousin pour revêtir des belles formes de sa poésie les idées de la philosophie la plus noble et la plus pure qu’ait enfantée l’esprit humain. « Si la mort de Socrate fut celle du plus sage des hommes, avait dit Jean-Jacques Rousseau, la mort de Jésus-Christ fut celle d’un Dieu : il semble que le poëte se soit souvenu de ce rapprochement, et qu’il ait voulu peindre la première de ces deux morts comme l’humble préface de l’autre. Ce morceau poétique n’est cependant point à la hauteur des Méditations ; on voit trop que le poète ne sent pas ce qu’il exprime. Dans cette étude d’après l’antique, l’art est trop recherché, et l’érudition nuit à l’inspiration. M. de Lamartine ne chante pas la mort de Socrate, il la récite. Le sujet même avait ses écueils. Il y a quelque chose de su-