Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/307

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luxuriante, où l’on est comme perdu, et l’on éprouve parfois, en lisant ces vers, un sentiment analogue à celui que font éprouver les Harmonies de la nature de Bernardin de Saint-Pierre, que M. de Lamartine aimait, qu’il a beaucoup lu, et avec lequel il a quelques traits de ressemblance.

Malgré ces observations critiques, les Harmonies sont remplies de beautés littéraires dignes de l’auteur des Méditations ; mais ces beautés ont un autre caractère. En même temps que les idées du poëte prennent une teinte plus sévère, on aperçoit que l’époque devient plus sombre, que les espérances des premiers temps de la restauration s’effacent et que les esprits sont frappés de sinistres pressentiments. Quelques-unes de ces pièces portent l’empreinte des questions qui passionnèrent l’époque. Le second volume des Méditations se terminait par le Dernier chant de Child-Harold, poëme dédié à la fois à la Grèce, qui essayait de ressusciter à sa vie nationale, et à la mémoire de lord Byron, qui venait de mourir en lui portant secours. Dans le Dernier chant de Child-Harold se trouvaient des vers éloquents sur la décadence de l’Italie[1], qui parurent à un officier napolitain, le colonel Pépé, une offense contre la dignité nationale de son pays. Il provoqua le poëte, qui sortit grièvement blessé de ce duel renouvelé du moyen âge, et qui, à peine hors de dan-

  1. Voici les derniers vers de ce morceau :

    Je vais chercher ailleurs, pardonne, ombre romaine,
    Des hommes, et non pas de la poussière humaine.