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tion de la punition par la loi humaine des offenses dirigées directement contre Dieu, punition qui, dans certaines circonstances allait jusqu’à l’effusion du sang. M. de Lamartine se prononce, dans ces vers, contre l’opinion de ceux qui veulent charger la loi humaine de la vengeance divine[1].

Un mois avant la publication des Harmonies c’est-à-dire le 1er avril 1830, M. de Lamartine, élu par l’Académie française, à la place laissée vacante par la mort de M. le comte Daru, prenait séance et prononçait son discours de réception. L’Académie avait chargé M. Cuvier de lui répondre. Le poëte venait d’éprouver une de ces grandes douleurs qui laissent dans l’âme un vide profond ; il avait perdu sa mère, cette mère chrétienne qui, après lui avoir donné la vie du corps, avait allumé dans son cœur cette lumière du christianisme qui est la vie de l’âme. Sa douleur filiale déborda au début de son discours, dans ces paroles : « Aucun des jours d’une longue vie ne peut rendre à l’homme ce que lui enlève ce jour fatal, où, dans les yeux de ses

  1. Mais du Dieu trois fois saint notre injure est l’injure.
    Faut-il l’abandonner au mépris du parjure,
    Aux langues du sceptique et du blasphémateur ?
    Faut-il, lâches enfants d’un père qu’on offense,
    Tout souffrir sans réponse et tout voir sans vengeance ?
    Et que fait le Seigneur ?

    Sa terre les nourrit, son soleil les éclaire,
    Sa grâce les attend, sa bonté les tolère ;
    Ils ont part à ses dons, qu’il nous daigne épancher.
    Pour eux, le ciel répand sa lumière et son ombre,
    Et de leurs jours mortels il leur compte le nombre,
    Sans en rien retrancher.

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