Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/32

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reconnaître, avait été prodigieux. Pour avoir une idée de la sensation que fit l’ouvrage de M. de Chateaubriand, il faut lire les rapports présentés plusieurs années plus tard[1] dans le sein de la Classe de la langue et de la littérature française à l’Institut, qui, sur l’invitation du ministre de l’intérieur, avait procédé à l’examen du Génie du christianisme. Depuis le mémoire de l’Académie française contre le Cid, on n’avait rien vu de pareil. Les opinions exprimées par MM. Regnault de Saint-Jean d’Angely, Morellet, Lacretelle, Lemercier, et auxquelles se rallia M. Arnault, respirent un sentiment de dépit facile à comprendre, après un échec aussi considérable pour leurs opinions. On trouve là des révélations précieuses sur l’état des esprits et sur la situation des choses. Un des rapporteurs, Morellet, n’osant pas attaquer en face les éloges donnés au catholicisme, suppose qu’ils ont été donnés à la philosophie ; et moyennant ce changement de noms, il attaque toute la donnée du livre de M. de Chateaubriand sur les grandeurs intellectuelles de la religion chrétienne, et sur les services pratiques qu’elle a rendus aux sociétés humaines. Un autre le dénonce comme ne contenant aucun éloge du maître « qui lui a permis la célébrité en attendant qu’il obtînt la gloire, » et lui reproche d’avoir manqué d’égards envers la convention, d’esprit de conciliation et de « délicatesse dans son langage, » en racontant que,

  1. En 1811.