Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Honneur au rejeton qui deviendra la tige !
Henri, nouveau Joas, sauvé par un prodige,
À l’ombre de l’autel croîtra, vainqueur du sort.
Un jour de ses vertus notre France embellie,
À ses sœurs, comme Cornélie,
Dira : Voilà mon fils, c’est mon plus beau trésor,

Nous ne craignons plus les tempêtes !
Bravons l’horizon menaçant !
Les forfaits qui chargeaient nos têtes
Sont rachetés par l’innocent ;
Quand les rochers, dans la tourmente,
Jadis voyaient l’onde écumante
Entr’ouvrir leur frêle vaisseau,
Sûrs de la clémence éternelle,
Pour sauver la nef criminelle,
Ils y suspendaient un berceau.

Certes, ce n’était point une époque ordinaire, au point de vue littéraire, que celle où un événement national, comme la naissance du duc de Bordeaux, inspirait de pareils vers, et trouvait pour l’annoncer ou le célébrer des écrivains comme Chateaubriand, Lamartine et Victor Hugo ; tandis que la mort de Napoléon devenait le texte d’une Messénienne de Casimir Delavigne, d’une des belles Méditations de Lamartine et d’une des plus remarquables chansons de Béranger.

Ces diverses pièces de vers avaient fait grandir la réputation de M. Hugo. À peine au sortir de l’adolescence, à vingt ans, il arrivait à la renommée par une route qu’il trouvait encore trop longue, quelque rapide qu’elle fût, car ce n’était qu’au prix de succès littéraires éclatants qu’il pouvait, on s’en souvient, obtenir