Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/339

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de Messéniennes : « Tout le monde, disait-il en tête de ses premières œuvres, a lu dans le Voyage d’Anacharsis les élégies sur les malheurs de la Messénie ; j’ai cru pouvoir emprunter à Barthélémy le titre de Messéniennes pour qualifier un genre de poésies nationales qu’on n’a pas encore essayé d’introduire dans notre littérature. Sous ce titre flexible et qui s’étendait à tous les sujets, le poëte traita successivement les questions qui passionnèrent l’esprit public, et cette habileté à se préparer des sympathies contribue à expliquer l’éclat et le nombre de ses succès. Il avait certainement plusieurs des qualités qui conduisent à la gloire vraie et durable ; mais il ne négligea pas les moyens de s’assurer la vogue, et presque tous ses vers eurent un à-propos qui leur ménagea des lecteurs bienveillants. Il servit la circonstance qui, à son tour, le servit.

Les malheurs et les revers de la France avaient inspiré ses premières Messéniennes et elles avaient répondu à un mouvement général d’opinion ; les secondes répondirent à un mouvement d’opinion moins général, moins profond surtout, mais cependant très-ardent et très-vif ; nous voulons parler de celui qui se manifesta en faveur de la Grèce. Il y avait dans ce mouvement quelque chose de généreux, puisqu’il s’agissait de secourir un peuple malheureux et chrétien ; mais, comme arrive toutes les fois que les passions du moment se mêlent à une question, et qu’elle obtient ce qu’on est convenu d’appeler la vogue, les