Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/341

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critique d’un esprit fin et ingénieux[1], furent loin d’être à l’abri de ce reproche, malgré leur riche et brillante versification. Ce sont d’harmonieux souvenirs de l’antiquité classique qui font vibrer la lyre d’un écrivain lettré, habitué à frayer avec les poëtes et les historiens de l’ancienne Grèce, et non les accents naturels, originaux, hardis, d’un interprète de la Grèce nouvelle. Sauf la sixième Messénienne, dédiée à la Grèce chrétienne, et dans laquelle l’auteur a développé en beaux vers un récit touchant emprunté au Voyage de M. Pouqueville, et si l’on excepte encore la dernière partie de la neuvième Messénienne, où le poëte, après avoir mis en scène Tyrtée d’une manière plus solennelle et plus apprêtée qu’inspirée, retrouve de l’inspiration en exprimant des sentiments qu’il éprouve réellement devant un brillant fait d’armes de Canaris, les Messéniennes sur la Grèce n’offrent guère que des beautés de formes et plaisent surtout par la versification. Lorsqu’on rapproche cette poésie régulièrement, mais froidement belle, cet enthousiasme méthodique, ces souvenirs classiques habilement groupés, des inspirations impétueuses et de la poésie vivante de lord Byron, on sent la différence qui existe entre l’homme de génie se dévouant aux malheurs qu’il chante, et ayant l’œil, la main, le cœur en contact avec cette Grèce, objet de son culte et de ses chants, et le versificateur

  1. M. de Rémusat, dans le journal le Globe : « De l’état de la poésie française (1825). »