Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/356

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

guerrière naît sous sa plume ; il tire l’épée au moment où chacun la remet dans le fourreau, et la gloire, dans ses rimes, heurte sans cesse la victoire. Tantôt il relève dans ses vers le drapeau tricolore, et secoue la poussière qui ternit ses nobles couleurs ; tantôt, de cette même voix qui célébra les tranquilles vertus du plus débonnaire des princes, il exalte Napoléon. Il fait un crime à la restauration du plus grand de ses bienfaits, de cette paix que lui-même il désirait naguère. Ses chants parlent au mécontentement d’un nombreux parti qui troubla les premiers jours de la restauration, le parti militaire, formé des débris de tant d’armées que la fin de la lutte européenne avait fait rentrer dans leurs foyers. Il nourrit leurs souvenirs, il échauffe leurs regrets ; les aigles, le drapeau tricolore, le grand empereur, voilà les images qui reviennent à chaque instant sous sa plume. La chanson guerrière répond au parti militaire.

À son retour, la monarchie s’appuya naturellement encore sur le principe religieux. Le roi très-chrétien, le fils aîné de l’Église, ne pouvait manquer de reconnaître pour base morale de la société la religion. En outre, la famille royale revenait de la terre étrangère avec les vertus de l’exil ; ses longs malheurs avaient été consolés par le christianisme ; elle lui demandait la force de soutenir les grandeurs qui lui étaient rendues. M. de Béranger dirigea contre le catholicisme ses attaques les plus ardentes et les plus assidues. Il attaqua à la fois la religion par le déisme et par l’athéisme, par