Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/400

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dont elle craignait encore l’influence et les prétentions, si le principe hiérarchique était maintenu dans les élections, et si l’esprit local venait à renaître à la faveur d’institutions favorables aux libertés communales : ombrages du moment qui s’expliquent quand on se reporte aux passions et aux préventions du temps. Cette divergence, qui faisait deux camps des royalistes catholiques et des royalistes rationnels, qui se ralliaient également à la charte, ne put être vaincue. On se touchait les mains des deux côtés du fossé, mais le fossé ne fut pas franchi. C’est ainsi que, lorsque l’ordonnance du 5 septembre, la dissolution de la chambre de 1815 et la loi d’élection de 1817 eurent donné l’avantage à l’école du rationalisme monarchique sur toutes les nuances de l’école catholique et monarchique, celle-ci se trouva réunie tout entière dans l’opposition.

Cette opposition rencontra son expression la plus éclatante dans un écrit périodique dont l’influence intellectuelle et la renommée littéraire furent trop grandes pour qu’il soit possible de ne point en parler ici avec quelques détails ; il s’agit du Conservateur. Le Conservateur fut le terrain commun où se réunirent, à l’époque où la censure fut établie, toutes les nuances de l’école catholique et monarchique. Ce fut M. de Chateaubriand, celui de ses chefs qui avait déclaré qu’il fallait accepter, sans arrière-pensée, le terrain de la constitution, qui prit l’initiative de cette œuvre destinée à battre en brèche, au nom des idées monarchiques et catholiques, la politique royale. Du reste,