Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/419

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ressources, comment se pourrait-il que cette nombreuse classe d’hommes qui ont cru à la fois défendre leur patrie et leur prince ne trouvât pas quelques secours ? À cette tribune quelqu’un hier a prononcé le sinistre augure d’une guerre possible ; si jamais les ennemis nous attaquent, les émigrés se réuniront avec nous, comme leurs enfants avec les nôtres pour défendre le territoire menacé ; et cependant la plupart d’entre eux ne trouveront rien à défendre que le roi et les acquéreurs de leurs propres domaines… Messieurs, je ne crains pas que l’assemblée ait épuisé, pour le présent, et moins encore pour l’avenir, les trésors de la justice, et, j’ose le dire, les trésors de la miséricorde nationale. »

Cette éloquence conciliatrice aux nobles accents de laquelle répondirent, dans la chambre des pairs, les accents non moins français et non moins généreux du maréchal Macdonald, réunit dans un même sentiment les cœurs divisés, dans un même vote les opinions divergentes. L’assemblée se leva comme un seul homme à la parole de M. Lainé. L’orateur lui avait communiqué son âme, et, laissant l’émigration et la révolution au passé, elle s’était sentie française.

C’était dans ces occasions difficiles, où il faut substituer une opinion généreuse et générale à des sentiments haineux et à des émotions contradictoires, que triomphait l’éloquence de M. Lainé. Dans les premiers temps de la seconde restauration, il avait surtout apporté le secours de sa puissante parole aux idées mo-