Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/424

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réplique les interrupteurs qui prétendaient imposer à la royauté cette mesure comme une expiation envers la révolution : « Quand la déplorable journée du 20 mars eut apparu au milieu de la consternation générale et au milieu de la joie d’un petit nombre de séditieux ; lorsque, des confins de l’Asie aux rives de l’Océan, l’Europe se fut ébranlée, que la France se vit envahie par des milliers de soldats étrangers ; lorsqu’elle eut été dépouillée de sa fortune, de ses monuments, et que son territoire eut été démembré, chacun sentit que le premier besoin de l’État était de défendre la royauté et le pays par des mesures sévères et préservatrices de calamités nouvelles ; alors s’éleva la question de savoir si les individus qui avaient concouru par leurs votes à la mort de Louis XVI devaient être éloignés du territoire français. Chacun connaît avec quelle persistance généreuse la volonté royale lutta contre la proposition de leur bannissement. Des hommes connus par leur dévouement sans bornes à la cause royale et aux principes constitutionnels soutinrent la proposition d’amnistie entière faite par le roi ; mais quand il en fut autrement décidé, quand l’arrêt fut prononcé, il fut irrévocable. L’extrême générosité du roi avait pu défendre les votants ; mais, la loi rendue, on a dû reconnaître qu’il était impossible, sans violer le sentiment moral le plus puissant, sans porter atteinte à la dignité royale, aux yeux de la France et de l’Europe, de jamais provoquer du roi un arrêt solennel qui rendît la patrie aux assassins de son frère, de son prédécesseur, du